mercredi 20 janvier 2010

Ready-made


J’ai fort plaisamment découvert que dans les années 20, le duo infernal constitué de Marcel Duchamp et de Francis Picabia s’était fait arrêter à la suite d’une méprise en raison de leur ressemblance – par ailleurs considérablement discutable – renseignez-vous – avec Jules Bonnot et Raymond la Science !

Du coup, je pense à une plaisante contradiction. Quelque chose m’amuse dans cette fameuse « affaire de Tarnac », du nom de Tarnac en Corrèze qui est un peu au terrorisme ce qu’ Al Qaida est au crypto-situationnisme. Dans cette affaire beaucoup de choses tournent autour d’un livre : « L’insurrection qui vient », un livre saisi par la Justice mais que j’ai lu à la Fnac, présumablement écrit par J.C. (comprenez Julien Coupat, tout le monde suit ?) et ses apôtres, un livre monstrueux, terrifiant, qui a figé jusqu’au sang de Michèle Alliot-Marie, Ministre de la Justice de l’époque (c’est à dire il y a six mois environ…) et qui on le sait n’a pourtant peur de rien. Et bien ce livre, on en conviendra aisément aprsè une lecture même succinte, n’est tout de même pas loin s’en faut un manuel de guérilla urbaine à l’usage des jeunes générations ! Certes il est rasoir mais il ne coupe pas tant ! Aussi rasoir que son illustre modèle : « La société du spectacle » de Guy Debord qui dans la série rasoir mériterait les médailles Bic, Wilkinson et Gilette réuinies. Les deux ouvrages ont en commun le recours à la « belle langue » - comme disent les initiés – pour subvertir « l’ordre existant »… C’est à dire que tout cela appartient à une littérature que je qualifierais volontiers de franchement « jargon » et, conséquemment, qui demeure réservée à une élite qui doit aimer à s’y reconnaître, j’imagine – c’est la principale activité des élites. Non, dans la famille crypto-situ je me souviens que Raoul Vaneigeim était bien plus amusant !

Bon mais là n’est pas la question. Constatons plutôt que J.C. à tout de même fait six mois de détention préventive et qu’il est placé depuis le 28 mars 2009 sous contrôle judiciaire avec interdiction de retourner jouer avec ses copains ! Tout ça pour un bouquin au fond… Constatons encore que pendant ce temps-là Guy Debord entrait au Musée à grand renfort de gala honorant au passage son Hérault médiatique, le toujours fringuant Philippe Sollers : en effet, les « papiers » de G.D. (Guy Debord ! Vous suivez oui ou non ?!) ont ainsi accédés au statut envié de « Trésor National ». Performance fascinante que de réunir les mots Debord, trésor et national en une seule et même phrase, non ?

La prison ou le Panthéon, quoi ? Parce que le bouquin, cherchez pas, c’est à peu près le même. Et puis surtout, au-delà du fait que c’est peut-être un bouquin juste, c’est juste un bouquin.

« Tout fini – décidément – en Sorbonne » comme disait l’autre ou Paul Valéry, je ne sais plus.

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