C’était
hier après-midi. Sur ce qu’il faut bien me résoudre à appeler mon lieu de
travail.
« Toi
qui es un artiste, je suis certaine que tu saurais me tirer le portrait ! Je
me trompe ? »
« Oui. »
« Allez,
fais pas ton modeste : t’es prof de dessin ou bien ? »
« Ben
oui mais… Disons que je suis comme toi : fonctionnaire, sans plus… »
« Taratata !
Quand on est prof de dessin y’a un p’tit plus quand même, non ? »
« Non. »
Allez,
quoi ! On a une heure à rien foutre avant le prochain cours ! Vas-y :
tire-moi le portrait ! »
« C'est-à-dire
que… »
« Qu’est-ce
qu’on risque ? Hein ? Qu’est-ce qu’on risque ? Je te le demande ! »
« Et
je ne sais pas quoi te répondre… Rien. Sûrement rien. C’est juste que… »
« Bon
alors quoi ?! T’as peur qu’on nous surprenne ? »
« Plait-il ? »
« Ben
ouais : tu veux pas te taper la honte, quoi ! »
« Oui,
voilà : c’est ça. Je ne veux me taper la… »
« Oh,
mais fais pas ton salaud ! Je voudrais tellement que quelqu’un fasse mon
portrait ! »
« Eh
bien demande à quelqu’un. J’essaye de travailler là, alors si tu veux bien… »
« Allleeezzzzz !
S’il te plaît ! S’il te plaît ! S’il te plaît ! »
« … »
Depuis
hier après-midi ma collègue Nadine ne m’adresse plus la parole.