dimanche 28 mars 2010

De la solitude du blogger au moment du publipostage

Pourquoi tenir un blog ? Pourquoi diable ? Je me pose la question. En quoi est-ce gratifiant de tenir une saleté de blog ? C’est vrai quoi… Qu’est-ce que ça me rapporte à moi de m’échiner à rédiger régulièrement des textes que personne ne lit sur une saloperie de blog de merde ? Je me le demande bien ? On croit, au départ, qu’on aura là un espace d’expression ! Foutaises ! On croit qu’on pourra jouer à Dieu et agir en toute impunité ! Chansons ! On se dit que les gens qu’on connaît vont se jeter sur notre almanach en moins de deux et qu’on parviendra peut-être même à intriguer par notre prose trois ou quatre inconnus ! Billevesées ! D’abord personne ne vous lit. Et ensuite personne ne vous lit parce que vous ne pouvez parler de votre blog à personne ! Dans l’absolu, le phénomène est absurde. A y regarder de plus près sa logique est implacable. Risquons cette affirmation : un blog c’est un problème, un vrai. Et le problème est insoluble. Soyons francs : on tient un blog pour dire du mal. De tout. Des gens que l’on connait. Des endroits que l’on fréquente. Les gens sont comme ça, veules et mesquins. Pourquoi ferait-on exception ? Ceci dit, le problème reste insoluble. En effet, lorsqu’on se rend dans ces endroits puisqu’on les fréquente, lorsqu’on y parle à ces gens puisqu’on les connait… et bien on ne peut jamais avouer qu’on tient un blog ! Pourtant c’est important de dire que l’on tient un blog à des gens, dans des endroits. Comme tout le monde tient un blog de nos jours c’est un facteur d’intégration non négligeable. Et puis ça émerveille les autres. Seulement voilà, depuis que je fais comme tout le monde, je découvre cette règle pénible qui veut que plus on dit à un grand nombre de gens que l’on tient un blog plus on se coupe de sujets potentiels pour alimenter le blog en question ! Prenons un exemple : si j’écris sur mon blog que ma patronne est une conne, il devient assez compliqué pour moi d’espérer briller à ses yeux en lui faisant miroiter une adresse internet où elle apprendra de ma plume ce que tout le monde sait déjà à son propos. Or il vient un temps dans la vie d’un homme où cette question se fait incontournable : pourquoi tenir un blog aujourd’hui – alors qu’on n’a pas grand-chose à dire, qu’on le sait et que de toutes façons si tel n’était pas le cas on le dirait mal – si ce n’est pour briller aux yeux d’une gourdasse froide, étroite d’esprit et autoritaire qui ne vous a vaguement à la bonne que parce que vous avez le bon goût de vous faire oublier en sa présence ? Ça n’a plus de sens. Tenir un blog devient aberrant. Imaginer qu’il faudrait avoir du talent ou du courage où même être en mesure de combiner ces deux éléments décisifs pour tenir un blog est une idée déprimante pour le commun des mortels. J’ai beau me dire, à la suite de Freud ou de Groucho Marx, que « je ne ferai jamais parti d’un club qui me prendrait pour membre », il se trouve que j’ai néanmoins ma carte de membre du commun des mortels. Par ailleurs, je ne sais pas tenir ma langue. Personne autour de moi, n’est donc sensé ignorer ma double vie ! Ce qui fait que j’en suis aujourd’hui réduit à parler de mes difficultés à tenir un blog au lieu de le tenir comme de juste. C’est infernal cette histoire ! J’ai bien pensé à m’encombrer d’un second blog qui ne serait que nuisances et vilainies anonymes, mais, échaudé et déçu par le mirage téléinformatique, je crains surtout de démultiplier mon problème. Ne me reste-t-il qu’à dire du bien d’autrui ? C’est hélas une fastidieuse perspective que je ne peux plus totalement écarter. Tout ça se tient. C’est épouvantable à quel point tout ça se tient. À la pensée de devoir demain accompagner vingt huit enfants en visite au musée d’art moderne de Saint Etienne pour ne même plus pouvoir en dire un mal épais à mon retour me déprime formidablement… Nonobstant tout ça ne changera pas d’un iota le fait que ma patronne est une conne !


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