dimanche 3 juin 2012

Casos de alarma !


C’était pendant l’horreur d’une profonde journée de travail. Une enseignante en espagnol et une principale de collège devisaient âprement à propos d’un incident survenu ce tantôt.

« Ta puta Madre ! Si vous me permettez l’expression. »
« Ta puta… ? »
« Madre. »
« Quand même. »
« N’est-ce pas. Et alors même qu’elle était au courant pour la mère de l’élève… »
« Oui. Bon. Il doit y avoir une explication, non ? »
« Oui. Cette femme est folle. »
« Cette élève a bien dû lui dire quelque chose de… Enfin, on ne réagit pas comme ça impunément ? »
« Cette élève vient de perdre sa mère. Cette élève est un peu perturbée en ce moment. »
« Cette élève, si j’en juge par le document que j’ai sous les yeux, ne manifeste qu’un goût assez fébrile pour le travail scolaire, non ? »
« Certes. Mais la question n’est pas là ! »
« Tout de même. Les élèves sont ici pour travailler. »
« Les élèves ne sont pas ici pour se faire insulter. »
« C’est pourtant à cela qu’ils passent l’essentiel de leur temps par la plupart de leur congénères ! J’ose espérer que je ne vous apprends rien ! »
« Rien, en effet. Mais – je me permets d’insister vertement – la question n’est pas là ! »
« La question, chère Madame, n’est tout de même pas de savoir si la mère de cette jeune fille pratiquait de son vivant des rapports sexuels tarifés ! »
« Ecoutez, jamais une assistante de langue – jamais personne à vrai dire – ne m’a parlé comme cette… femme. »
« C'est-à-dire ? »
« Elle me laisse chaque soir un message téléphonique. »
« Et peut-on en connaître la teneur exacte ? »
« Elle me menace. Elle m’a menacée de crever les pneus de ma voiture si je venais vous parler. »
« Qu’est-ce que vous avez comme voiture ? »
« Pardon ? »
« Quelle marque ? »
« Je n’ai pas de voiture. La question n’est pas là ! »
« Je vous assure qu’en fonction du modèle le prix des pneus n’est pas le même ! »
« Mais la question n’est… »
« Pas là ! Oui je sais. Où est-elle alors ? »
« … »
« Autre chose ? »
« Oui. Ca ! »
« C’est un magasine. »
« Elle y est abonnée. Il en traîne en classe, partout ! Un élève de sixième le feuilletait l’autre jour quand je suis entrée ! »
« Vous pensez que cela donne une surcharge de travail trop importante au personnel de service ? Voilà qui est tout à fait louable de votre part. J’en prends bonne note, croyez-moi. Nous sommes tous embarqués dans le même bateau et nous devons donc nous serrer les coudes. J’en ai bien conscience. »
« Bien. Ecoutez, avec votre permission je vais mettre fin à cette conversation qui, vous en conviendrez je l’espère, ne nous mène nulle part. »
« Je vous sens agacée. Je me trompe ? »
« Ce n’est définitivement pas la question et… »
« Détrompez-vous ! Le bien-être de mes enseignants est au centre de mon projet pour l’établissement ! J’ai enseigné moi-aussi. Je sais bien que ça n’est pas tous les jours une partie de plaisir. »
« … »
« Dite ! Je peux vous avoir l’adresse d’un garagiste qui vous fera un prix si vous lui dites que vous venez de ma part. C’est un cousin de mon mari. Un gars comme ça ! »

Ce n’est qu’un bon moment après leur départ que je me suis aperçu que le magasine traînait à côté de moi. Je l’ai feuilleté. Mais hélas je ne parle pas espagnol.



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