samedi 27 février 2010

Video Game saves


















Les jeux olympiques d’hiver ! Le concept de transposition des olympiades antiques dans le contexte des sports d’hiver m’a toujours fasciné. Bien évidemment, le point d’orgue de cette fascination n’est autre que la discipline reine dite du biathlon : ski de fond-tir à la carabine… ou quand le sport semble fonctionner par association d’idées. Slip ? Gourmette ! Ski de fond ? Tir à la carabine ! Je galèje mais ça n’a pas l’air simple cette histoire de biathlon. Il faut skier, et plus vite que les concurrents bien sûr, tout en adoptant régulièrement – et sans « déchausser » – la fameuse position du tireur couché… Pas simple. Non. Pas simple du tout. C’est sûr. Mais bon c’est assez ridicule aussi, non ? Plus que le curling ? Moins que le short-track ? C’est difficile à dire j’en conviens. Finalement, le plus fascinant dans tout ça c’est la reconnaissance sociale qui, peu ou prou, est liée à une olympiade et à sa finalité : la médaille, de quelque métal qu’elle soit faite. Je veux dire que glisser sur la neige, même plus vite qu’un serbo-croate, et tirer sur des cibles, même plus précisément qu’un russe, ça ne change pas fondamentalement la face du monde. Néanmoins la reconnaissance symbolique de la réussite dans une activité aussi improbable demeure forte. Du coup, je me demande bien ce qu’on reproche aux jeux vidéo ? D’être inconséquents ? De pousser à la confusion entre réalité et virtualité ? Toute activité humaine n’est-elle pas d’abord un investissement en termes d’imaginaire ? Les victoires dans le monde de World of Warcraft – où certains noms de joueurs sont craints et respectés – ne sont pas moins réelles que celles qui adviennent dans le microcosme – certes médiatisé une fois tous les deux ans – du biathlon ski et carabine. Toute reconnaissance est d’abord une activité symbolique. Or nous sommes des êtres de sens (même si les tenues respectives du champion de biathlon et du geek de base n’en n’apportent pas de preuve immédiate !). Conséquemment, et quelque soit le jeu, le bonheur d’en maîtriser suffisamment les règles pour gagner est le même. Car la réussite dans le jeu a un impact sur notre quotidien, ne serait-ce que parce que cette réussite vise rien moins que le principe de plaisir cher à Freud et qui n’est rien d’autre, dans son accomplissement, que la réduction d’une tension. Des tensions provenant de la vie réelle peuvent tout à fait se trouver réduites dans l’univers du jeu. Par ailleurs le jeu comme le sport proposent un univers moral et structurant. Une « bonne » ou une « mauvaise » action y ont des conséquences immédiates quelles qu’elles soient. Et l’accès au Paradis ou à l’Enfer y est alors fort diligent. C’est tout de suite que l’on est ou non reconnu. Comme l’on peut cultiver son jardin, il est possible d’améliorer son avatar pour s’approcher d’un personnage à la hauteur de ses désirs et qui obtiendra en retour la juste reconnaissance de ses pairs. L’ordinateur, la console, ne sont jamais que des fournisseurs d’accès à ce principe psychologique et social fondamental qu’est la reconnaissance. Non, la frontière entre réel et virtuel est rarement aussi pertinente et évidente qu’on le laisse entendre. Autant qu’une fuite, l’univers vidéo-ludique peut ainsi être présenté comme une reconquête du réel. La question qui se pose alors, pour nombre de participants tout à fait méritants au jeu de la vie réelle, serait bien davantage : pourquoi n’est-il pas systématique d’obtenir une adéquation entre mérite et reconnaissance de ce mérite dans des sociétés à priori plus avancées et aux règles plus reconnues que celles de World of Warcraft ?


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