mardi 23 février 2010

Chroniques du noble art

Le temps passe, on prend de l’âge, le ventre, jadis plat, se transforme en boule immonde… crise de la trentaine, de la trente-cinquaine, de la quarantaine etc. face à cette situation, nombreux sont les hommes — l’avez-vous remarqué ? — qui tentent de se remettre au sport. Se remettre au sport est difficile. Quand on décide de se remettre au sport, on doit d’abord oublier les humiliations des cours de gym au lycée. On subit les quolibets de ses amis et de ses parents. Toute honte bue, on pénètre pour la première fois de sa vie chez Go Sport ou chez Décathlon en n’en revenant pas se retrouver dans ce genre de magasin. Horreur : on achète des baskets ! On fait quelques tentatives maladroites, on sort timidement de son immeuble en short, le rouge aux joues, et puis on se dit que non, il n’est décidément pas de notre condition d’aller grossir les hordes de ceux qui font du jogging dans la rue. C’est alors que, si on fait partie des gens qui ont vu trop de films d’action pourris la solution apparaît : on décide de se mettre à un sport de combat.

Le problème est alors de choisir son sport de combat. Le nom de Bruce Lee vous vient tout de suite à l’esprit, mais vous vous rendez vite compte de que les sports de combat asiatiques, ça ne fait pas très sérieux. La boxe française, ça, c’est classe, mais son vrai nom (la savate) et la tenue traditionelle (sorte de combinaison moulante à jambes longues et sans manches) sont vraiment trop grotesques. Vous envisagez un temps des choses inquiétantes et exotiques telles que le Kapap-Lotar ou le Systema, mais vous vous dites qu’il ne s’agirait pas non plus d’aller prendre un mauvais coup avec des abrutis. S’impose alors comme de lui-même le sport que l’on a, avec sagesse, surnomé le Noble Art : la boxe.

La boxe : alors là, mes petits amis je vous le dit, ça rigole un peu moins. Vos amis cessent de rire pour vous regarder avec consternation, votre mère est épouvantée, vos collègues de travail vous considèrent avec l’inquiétude vaguement respectueuse que l’on réserve aux timbrés potentiellement dangereux. De retour chez Go Sport ou chez Décathlon, c’est avec un regard conquérant, en bombant le torse et en rentrant la boule immonde que l’on pose gants en cuir, bandellettes et protège-dents devant la jeune caissière (qui, bien légitimement, n’en a rien à foutre de vous, mais bon…). Enfin, un beau soir, après le travail, vous vous pointez à la salle de sport pour votre premier entraînement.

(à suivre)


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