vendredi 16 avril 2010

Grande personne

Je viens de lire le dernier texte en date de notre compère Ernesto. Cette tranche de vie prise sur le vif m’a littéralement saisi. Bien au-delà de ce style mordant et primesautier qui caractérise l’admirable prose de Monsieur Palsacapa. C’est-à-dire qu’une question me tarabuste. Qu’est-ce qu’un adulte à la fin ? C’est vrai quoi. J’y pense parce que mon emploi salarié m’oblige à côtoyer de près la réalité quotidienne et que j’arrive à cet âge où l’on a généralement du ventre et un (ou plusieurs) enfant(s). Moi, je grossis dans le calme. Pendant qu’autour de moi les autres prétendent sur le ton de la plainte que leur progéniture les gonfle (et trop souvent d’orgueil), battent pourtant l’épeautre avec la bienveillance du parent nourricier, se démènent sans rime ni raison comme pour préserver LA vie : non pas la leur — probablement jugée anecdotique — mais celle que tout être vivant porte en lui. C’est un noble projet. Je persiste pourtant à penser, et ce blog en témoigne peu ou prou, que notre vie n’est qu’un agrégat de circonstances et d’anecdotes. Et que tout est bien de la sorte — si nous sous-estimons en général notre grandeur nous ne sommes toutefois personne en particulier. Et dès lors être adulte ne signifie pas forcément que l’on va consacrer son court temps terrestre à propager et entretenir ce fameux miracle qui nous permet aujourd’hui de jouer librement à Dawn of War II. Car pour tout dire la question de l’adulte me parait intimement liée à celle de Dawn of War II qui est elle-même en liaison satellite permanente avec la question de l’enfance. Retournons donc le problème : qu’est-ce qu’un enfant ? Outre qu’on aura bientôt l’air d’avoir déminé un champs de gravier, disons-le crûment : un enfant est quelqu’un qui veut faire n’importe quoi, aller n’importe où, vivre n’importe comment, être n’importe qui. Bref, quelqu’un qui ne décide de rien pour lui-même. Dès lors, et pour qui a vécu semblable chemin de Damas, être adulte ne peut signifier qu’une chose : pouvoir enfin vivre comme un enfant digne de ce nom. C’est là l’indéniable et proéminent avantage d’accéder au rang longtemps convoité d’adulte ! Un beau matin on est adulte, surpris par le chatoiement nouveau des étoffes dont sont fait nos rêves et par l’achalandage merveilleux des échoppes qui vont nous permettre de les réaliser ! Jeux vidéo chaque jour que Dieu fait et tartines de caca à tous les repas ! Une vie dédiée au stupre à gogo, au plaisir à tout va! Le tout sans jamais s’habiller décemment bien entendu. J’écris d’ailleurs ces lignes, qu’on se le dise, dans le plus simple appareil.

1 commentaire:

  1. Frederic Frankenstine20 avril 2010 à 20:50

    Comme vos paroles sonnent bien, comme elles me vont droit au cœur.
    Quand est-ce qu'on joue ?

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