mardi 29 juin 2010

On rigole, des fois, dans les mairies...


M. Cassecouilles
1 rue de la Truie-qui-file
92100 Boulogne Billancourt
à
Monsieur le Maire de Paris
Hôtel de Ville
75001 Paris

Monsieur le Maire,
Je me permets par la présente d’attirer votre attention sur un problème qui, pour être crucial, n’en a pas moins, semble-t-il, échappé à votre attention en raison, j’aime à le croire, du rythme insensé que la vie politique moderne impose à nos édiles. Il s’agit du problème du compositeur Adrian Leverkhün, auteur de plus de 300 œuvres, que vous connaissez sûrement. Or malgré sa notoriété qui a bien souvent dépassé les frontières, et aussi invraisemblable qu’un tel oubli puisse paraître, l’auteur de la célèbre Sonatine transcontinentale n’a à ce jour pas de rue portant son nom dans notre capitale ! Je suis certain qu’un homme tel que vous, sensible, érudit, ami des arts, ne saurait laisser perdurer cette situation inacceptable et que vous ferez le nécessaire auprès de qui de droit pour qu’une voie de Paris soit prochainement rebaptisée du nom d’Adrian Leverkhün. Dans cet espoir, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.



M. Cassecouilles
1 rue de la Truie-qui-file
92100 Boulogne Billancourt
à
Monsieur le Maire de Paris
Hôtel de Ville
75001 Paris

Monsieur le Maire,
Par lettre en date du XX XX XXXX, j’avais signalé à votre attention combien il serait souhaitable que la Ville de Paris honore avec tout l’éclat voulu en donnant son nom à l’une de ses voies, un de ses enfants les plus fidèles et les plus attachants, qui l’avait lui même honorée tout au long de son existence par son prestigieux talent, en la persone d’Adrian Leverkhün, auteur de plus de 300 œuvres d’une richesse et d’une diversité tout à fait exceptionnelles et que le Oklahoma Citizen News du 16 avril 1946 (voir article ci-joint) décrivait comme « probablement l’un des 20 compositeurs les plus intéressants de son temps ». Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.



M. Cassecouilles
1 rue de la Truie-qui-file
92100 Boulogne Billancourt
à
Monsieur le Maire de Paris
Hôtel de Ville
75001 Paris

Monsieur le Maire,
Par lettres en dates des XX XX XXXX et XX XX XXXX auxquelles je suis stupéfait de n’avoir par encore reçu de réponse, j’attirais votre attention sur l’urgence qu’il y avait à attribuer enfin à une rue parisienne le nom du compositeur Adrian Leverkhün. Qu’il me soit permis de rappeler ici que le 18 octobre dernier, l’inauguration d’une plaque commémorative en l’honneur d’Adrian Levekhün à l’entrée de l’immeuble qu’il avait ocuppé pendant près de 40 ans au numéro 3 de la rue Championnet a rassemblé autour de M. Grospourri, Mairie du nième arrondissement, et de moi-même d’éminentes personnalités du milieu musical. Je vous signale en outre que M. Vieuxdébris, compositeur membre de l’Académie des Beaux-Arts et Chancellier de l’Institut de France, qui n’avait pu assister à cette inauguration car il luttait déjà contre la maladie qui devait, comme vous le savez, l’emporter quelques temps après, avait pris la peine d’envoyer un message empreint de la plus profonde estime. Nul ne songerait à faire à des personnalités aussi prestigieuses l’insulte de croire qu’elles se seraient dérangées pour un créateur de second ordre ! Je vous prie donc de bien vouloir prêter à ma légitime requête l’attention qu’elle mérite. Dans l’attente d’une réponse de votre part, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.

PS. Je me permets d’adresser copie de cette lettre à mon ami M. Grospourri, Maire du nième arrondissement.



M. Grospourri
Ancien Ministre
Maire du nième arrondissement
à
Monsieur le Maire de Paris
Hôtel de Ville
75001 Paris

Monsieur le Maire,
Je souhaite attirer votre attention sur la requête qui vous a été adressée par un de nos administrés, M. Cassecouilles, concernant l’éventuelle attribution du nom d’Adrian Leverkhün à une voie de Paris. Je partage totalement l’argumentation qu’il développe dans sa correspondance et je vous serais très reconnaissant si vous pouviez faire examiner favorablement cette demande. Avec mes remerciements, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.



Le Directeur de Cabinet du Maire de Paris
à
M. Grospourri
Ancien Ministre
Maire du nième arrondissement

Monsieur le Maire,
Vous avez bien voulu attirer l’attention du Maire de Paris sur le souhait de M. Cassecouilles que le nom d’Adrian Leverkhün soit donné à une rue de Paris. J’ai le plaisir de vous confirmer que la Commission d’examen des projets de dénomination des voies, places et espaces verts de la Capitale (la CEPDVPEVC) a été chargée de l’examen de cette requête. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.

Copie envoyée à M. Cassecouille, 1 rue de la Truie-qui-file 92100 Boulogne Billancourt



Commission d’examen
des projets de dénomination des voies,
places et espaces verts de la Capitale

à
M. Grospourri
Ancien Ministre
Maire du nième arrondissement

Monsieur le Maire,
J’ai le plaisir de vous annoncer que la Commission d’examen des projets de dénomination des voies, places et espaces verts de la Capitale (la CEPDVPEVC) lors de sa séance du XX XX XXXX a décidé d’attribuer le nom d’Adrian Leverkhün à la voie située au niveau du 1 rue Lamblet dans votre arrondissement. Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.

Copie envoyée à M. Cassecouille, 1 rue de la Truie-qui-file 92100 Boulogne Billancourt



M. Cassecouilles
1 rue de la Truie-qui-file
92100 Boulogne Billancourt
à
Monsieur le Maire de Paris
Hôtel de Ville
75001 Paris

Monsieur le Maire,
Je viens de recevoir copie d’un courrier de la Commission d’examen des projets de dénomination des voies, places et espaces verts de la Capitale (la CEPDVPEVC) concernant la question pressante de l’attribution à une voie de Paris du nom du compositeur Adrian Leverkhün et je vous écris pour vous faire part de ma consternation. L’emplacement auquel la Commission envisage, semble-t-il, de donner le nom d’Adrian Leverkhün n’est en effet pas une voie mais un simple renfoncement entre deux immeubles juste bon à entreposer des poubelles (ce qui était effectivement le cas lorsque je me suis rendu sur place). Destiner un tel lieu à l’un des plus grands compositeurs du XXème siècle encensé par le presse américaine (voir article ci-joint) constituerait, si c’était de propos délibéré au lieu de n’être probablement que l’effet regrettable de quelque fâcheuse négligence, une véritable ignominie. Et une ignominie d’autant plus flagrante, au demeurant, que vient d’être inaugurée récemment une Place Claude François sur le parcours flatteur d’une des grandes artères proches. Un sens élémentaire des valeurs oblige à dire qu’il serait profondément indécent de traiter, par comparaison, avec mépris un des grands créateurs du siècle. Dans l’attente de votre réaction à cette situation, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, etc.

2 commentaires:

  1. Adrian Leverkhün, ce n'est pas le compositeur fou de Thomas Mann ? C'est un canular, tout ça ?

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  2. Oui, c'est en effet le nom du compositeur dans le Docteur Faustus de Thomas Mann (qui est inspiré d'Arnold Schönberg). L'affaire, c'est qu'au moment de mettre ces textes en ligne, j'ai cherché un nom fictif à donner à mon compositeur (qui est bien réel) et le nom de Leverkhün m'est venu. Ça m'a paru plus drôle qu'un nom que j'aurais inventé pour l'occasion.

    Et cette correspondance s'est réellement tenue il y a quelques années entre ce M. Cassecouille, gardien auto-proclamé de la mémoire du compositeur, et divers services de la Mairie de Paris.

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