vendredi 28 mai 2010

Encore une folle…

La toujours pimpante Cécilouchka n’en finit pas de rencontrer des gens fous à lier. Et la démente dont nous allons étudier le cas aujourd’hui, mes petits agneaux, je peux vous dire qu’elle n’est pas piquée des hannetons, comme disait ma grand mère. Cette démente, nous l’appellerons ici Claudia afin de préserver sa dignité, qui a bien besoin de l’être, croyez-moi.

Des gens comme Claudia, vous savez de quel genre de personne il s’agit, mais vous ne pensez pas vraiment qu’ils existent. Certes, vous en avez vu dans des films, vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît bien quelqu’un qui en a rencontré un il y a longtemps, mais vous n’en avez jamais rencontré vous-mêmes… Cecilouchka, si. C’est son lot quotidien, à elle, les déments. Claudia, donc, fait partie de cette catégorie de gens qui ont des animaux de compagnie invraisemblables… Claudia, chez elle, dans son appartement parisien, elle a un boa. Oui, un boa. Le serpent. L’horreur.

Inutile de préciser que Claudia n’a pas de mari et que ses amis, si toutefois elle en a (mes informations à ce sujet sont incomplètes) refusent catégoriquement de mettre les pieds chez elle. Et ils ont bien raison, à mon avis. Non pas que je m’y connaisse en boas, hein, je ne vais pas vous mentir là-dessus. L’ensemble de mes connaissances sur les boas proviennent de Tintin au Congo (j’ai des lettres). Mais enfin, tout le monde sait que le boa, c’est une saloperie.

Et donc notre Claudia vit avec son boa. Et non seulement elle vit avec, mais en plus elle dort avec ! Dans son lit ! Le boa dans le lit, la nuit, avec elle et, selon ses propres termes, "lové" contre elle. Elle est pas nette, Claudia, quand même : pas de mari, un boa "lové" contre elle la nuit… enfin bref. Passons.

Et là, moi je me suis dit : comment elle le nourrit, son boa, Claudia, hein ? Parce que non seulement, c’est carnivore, un boa, mais en plus, ça mange des animaux vivants. Comment elle fait ? Eh bien elle va dans une animalerie, achète des souris, et les jette vivantes en pâture à son monstre. À quelle fréquence ? Combien de souris par jour ? Doit-elle régulièrement changer d’animalerie pour ne pas éveiller les soupçons du vendeur ? On se perd en conjectures… Cette femme est folle, vous dis-je.

Mais les meilleures choses ont une fin. Un beau jour, le boa est tombé malade. Il ne réagissait plus, chipotait ses souris vivantes, puis cessa complètement de manger. Claudia s’est donc rendu chez un vétérinaire (en métro ? taxi ? avec le boa dans un sac ? dans un tube ? Folle à lier je vous dis…), lui a exposé le problème et bon, le vétérinaire n’avait pas trop d’idées à ce sujet. Elle est allé en voir un deuxième : pareil, pas trop d’idées. Comprenons-le aussi, ce pauvre vétérinaire. Ce n’est pas parce qu’on fait des études de vétérinaire qu’on sait tout sur tous les animaux de la création. Lui, dans son cabinet parisien, il soigne des caniches hystériques et des chats obèses, alors les boas… Mais Claudia ne s’est pas laissé démonter et elle a fini par mettre la main sur un vétérinaire qui s’y connaît en boa. Comment l’a-t-elle trouvé ? Ne me le demandez pas. Elle l’a trouvé, c’est tout.

Elle explique donc son cas au vétérinaire qui s’y connaît en boa : tout mou, plus faim, chipote ses souris etc. Au départ, le vétérinaire qui s’y connaît en boa n’a pas trop d’idée non plus (c’était bien la peine), mais il enquête : « …et il ne fait rien d’inhabituel depuis quelques temps, votre boa ? Pas de comportement bizarre ? ». Pas vraiment. Quoique… Quoique… Attendez, si, maintenant qu’elle y réfléchit, Claudia finit par dire que son boa, au lieu de se lover, dans le lit, contre elle (beurk), depuis quelques temps, il se tient tout droit, tout raide.

Et là écoutez moi avec attention et souvenez vous de mes paroles. Elles pourront vous sauver la vie, un jour, si vous vous retrouvez dans la jungle (Dieu vous en garde) ou si vous vous retrouvez à vivre avec une folle qui possède un boa (Dieu vous en garde plus encore).

À la description du comportement inhabituel du boa, le vétérinaire a blêmi et lui a dit qu’il fallait le tuer immédiatement et sans hésiter. Oui, là, maintenant, on le bute. Et l’explication est la suivante : le boa, lui, les souris, ça va cinq minutes. Ça nourrit pas son boa, des souris. Il lui faut un animal de plus grande taille. Et dans l’appartement de Claudia, comme animal de grande taille, à part le boa lui-même, il n’y a que Claudia. Le boa avait donc entrepris, en s’étendant de tout son long le long de Claudia, de prendre des mesures pour voir si ça rentrait ! Et, heureusement pour Claudia, le boa est nul en maths : il lui fallait plusieurs jours pour faire le calcul, ce qui a laissé à Claudia le temps de comprendre le terrible complot qui se tramait contre elle dans son propre lit…

Ça fait rêver, ça, hein ?

1 commentaire:

  1. J'adore ces histoires. J'attendais avec impatience une nouvelle publication. Par ma foi, je suis comblée.

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